Une exposition de photographies d’Idhir Baha
ENPLPR est un projet documentaire qui – en guise de métaphore à la jeunesse algérienne, de ses aspirations et de ses galères – s’invite dans l’intimité d’un groupe de street-artistes.
Excusez-nous pour le premier rendu (ENPLPR) est un projet documentaire qui a débuté en 2019 en Algérie. Il est toujours en cours, et il est né alors que le Hirak – cette révolution populaire et initiée par les jeunes – s’emparait des rues du pays. La bouffée d’air que cette révolution a apporté était si forte qu’un grand nombre d’algériens ont redécouvert leur pays, leurs compatriotes, et certaines facettes de la société. La jeunesse algérienne en première ligne*.
ENPLPR veut présenter cette jeunesse. Populaire et connectée. Militante au quotidien, souvent sans le vouloir, et qui se bat pour plus d’ouvertures. Loin du poids des codes et des tabous sociétaux. Elle aspire à davantage de libertés et de souplesse. À plus d’accès à la culture, à l’art, et aux choix individuels. Bien avant même les manifestations géantes de 2019. D’ailleurs, aujourd’hui, le Hirak semble n’être qu’un lointain combat avorté.
Pourquoi alors se concentrer sur un petit groupe de street-artistes ? Car ils sont l’illustration de cette jeunesse qui étouffe. Ils souffrent du manque d’infrastructures et d’opportunités. L’accès au matériel est un parcours du combattant. Un quotidien de murs et d’oppressions. Mais loin de toute victimisation, fièrement, ces artistes portent le besoin de s’exprimer pour vivre. Parfois en s’oubliant dans l’excès; souvent en cherchant des alternatives aux schémas imposés; toujours en trouvant des voies marginales à la bien-pensance. Pourtant, le peuple algérien – ses paradoxes, ses tabous, son humour et ses beautés – est au centre de toute leur inspiration artistique. Ce même peuple qui est capable de vandaliser et détruire leurs œuvres murales; par excès de zèle ou par idiotie et extrémisme religieux. Une cohabitation compliquée.
En soi, Excusez-nous pour le premier rendu est une quête de libertés qui se passe de légendes. C’est aussi un casse-tête : un combat pour avoir le droit d’être jeune dans son propre pays. C’est une dénonciation dans une Algérie où tout est sensible. L’art comme l’amour.
* Les 15-29 ans représentent 25% de la démographie totale, en Algérie, en 2019 (17,4% en France, chiffres Injep/Insee 2019). Cette jeunesse a été la locomotive du soulèvement populaire du Hirak depuis février 2019. En octobre 2021 elle a explosé tous les records d’immigration clandestine en Europe.