Du 27 juin au 3 juillet 2022, le groupe de recherche ACHAC, propose une exposition « Colonisation et propagande » au Mémorial du camp de Rivesaltes.
En France, l’histoire de la colonisation a traversé cinq siècles et a été marquée par plusieurs étapes : le temps des conquêtes, la fin du premier empire colonial, l’expansion territoriale, l’apogée colonial et enfin par les décolonisations. Cette exposition s’attache spécifiquement à la période allant de la seconde moitié du XIXe siècle jusqu’à la fin du XXesiècle. Pendant plus d’un siècle, de la IIIe République naissante (1870) à la dernière décolonisation (1980, les Nouvelles-Hébrides), la propagande coloniale a fait partie du quotidien des Français. Affiches touristiques ou de recrutement militaire, expositions universelles et coloniales, manuels scolaires et protège-cahiers, couvertures de livres et de magazines, presse illustrée et brochures de propagande, photographies et cartes postales, jeux de société et bandes dessinées, publicités et films, monuments et statues, peintures et émissions de radio… tous les supports ont participé à cette mise en exergue de la « Plus grande France ».
En 1920, une Agence économique des colonies est créée pour dynamiser cette conquête de l’opinion et, jusqu’aux années 1950, elle va coordonner l’action propagandiste aux côtés du musée des Colonies (à partir de 1935), et d’autres organismes comme la Ligue maritime et coloniale et de nombreuses structures relais.
Génération après génération l’idée coloniale a fait son chemin, pour devenir consensuelle durant l’entre-deux-guerres et se prolonger jusqu’aux dernières heures de l’Algérie française et même au-delà. Au cœur de cette dynamique, l’image a été un vecteur essentiel du message colonial, portant un regard paternaliste sur ceux que l’on appelait les « indigènes ». Jusqu’aux décolonisations, images et discours de glorification furent les alliés puissants de la colonisation qui a servi de socle sur lequel la France a légitimé son œuvre outremer pendant qu’elle l’élaborait. Quelles représentations a-t-elle donc produites et quelles traces a-t-elle laissés dans notre inconscient collectif ? Pour y répondre, il faut plonger dans le « bain colonial » et analyser ces images omniprésentes, séduisantes, éducatives et divertissantes, faites d’exotisme et parfois de violence ainsi que les discours qui ont accompagné cette longue histoire.
Il est nécessaire d’expliquer les mécanismes de fabrication de ces images pour comprendre comment elles ont diffusé, en profondeur, les messages de la propagande capable de séduire un large public, et imprimé dans les esprits des représentations spécifiques sur les populations colonisées. Soixante ans après les décolonisations et notamment la fin de l’Algérie française (1962), cette exposition se présente comme un lieu de mémoire. Chaque panneau analyse, décrypte et replace dans son contexte cette incroyable production, permettant, en croisant les sources les plus diverses et des archives exceptionnelles, de comprendre les mécanismes de l’adhésion du plus grand nombre à l’Empire. Cette approche inédite sur notre culture visuelle politique et historique participe au travail d’analyse en cours sur l’héritage de la colonisation, nous permettant de regarder autrement ce passé et ses résonances dans le présent.
Découpage de l’exposition
- Panneau 1 – Colonisation & propagande
- Panneau 2 – Explorations et conquête (1860-1930)
- Panneau 3 – L’invention du « sauvage » (1877-1914)
- Panneau 4 – L’appel à l’Empire. La Grande Guerre (1913-1919)
- Panneau 5 – Exotisme & regard colonial (1875-1935)
- Panneau 6 – Les « bâtisseurs d’Empire » (1922-1942)
- Panneau 7 – Les apothéoses impériales (1922-1940)
- Panneau 8 – Colonisation & opposition (1922-1940)
- Panneau 9 – L’enjeu impérial (1940-1945)
- Panneau 10 – L’Union française (1945-1960)
- Panneau 11 – Mise en valeur économique (1945-1960)
- Panneau 12 – Guerres & décolonisations (1945-1962)
- Panneau 13 – Guerres de mémoire & passé colonial