Borders : les postes frontières abandonnés de la France à la Bosnie 

Exposition de Guillaume Origoni, 2022 (voir tout le programme 2022)

Les citoyens européens et plus généralement occidentaux, se sont progressivement habitués à franchir les frontières avec facilité. 

Il y a peu, nous faisions pourtant encore des queues interminables pour passer les postes frontières terrestres qui maillaient les États européens.

Les occidentaux en général et les jeunes en particulier, ne savent pas ou plus, quelles formes prend ce maillage et de quels accords internationaux il résulte.

Pourtant, qu’elles soient high-tech, virtuelles ou quasi militarisées, la question des frontières cesse d’être une idée ou un symbole dès lors que l’individu se trouve face à la manifestation physique des passages de « ici » à « ailleurs ».

Or, c’est dans cet « ici » et cet « ailleurs », que se nichent les contradictions les plus flagrantes sur l’efficience des frontières. 

Tout d’abord, n’oublions pas que la permanence des États et des Nations relève bien plus de la conviction, voire de la foi (l’une des manifestations du patriotisme) que de réalités tangibles. Cela apparaît précisément lorsque l’on arpente les frontières des États disparus depuis peu. On peut ainsi constater l’exemple de l’effondrement de l’ex-Yougoslavie : autrefois point de rencontre et de tensions entre le monde occidental et le système communiste, cette portion de territoire révèle la fragilité de cet « ici » et cet « ailleurs ». Ces tensions ont modelé les territoires, modifié les habitudes, imposé des modes de vie durant plusieurs décennies. Puis, un jour, cette rigidité physique et administrative a disparu. Seuls restent les vestiges décharnés d’un ordre ancien qui laisse place au monde nouveau. Lui aussi sera, tôt au tard, balayé par l’histoire.

D’autre part, et ce n’est pas là la moindre des contradictions, les marqueurs physiques des frontières donnent à voir à quel point celles-ci confinent parfois à l’absurde. En effet, dès que vous délaissez les grands axes routiers ou les hubs aériens, le passage de « chez nous » à « chez eux » est signifié par de simples panneaux ou bornes douanières dans les forêts ou les campagnes peu fréquentées. « Ici » et « ailleurs » se confondent alors, jusqu’à rendre illisibles les différences qui nous séparent. 

L’auteur :

Né en 1968, à Marseille. 53 ans après, Il y vit toujours car “ C’est une ville passionnante !”.

Son cursus universitaire a commencé en 1987 et n’est toujours pas achevé. En effet, après des études en linguistique. il a obtenu un master en marketing au cours de l’année 2003, puis un Master 2 en Sciences politiques. 

Il  publie régulièrement des articles dans la presse : Slate, Sept infos, Bastille

Photographe membre de l’agence Hans Lucas, Guillaume Origoni a couvert les manifestions liées aux effondrements des immeubles du quartier Noailles à Marseille et au mouvement des Gilets jaunes à Marseille et Paris. 

Il travaille régulièrement dans les Balkans, notamment sur deux thématiques qui lui sont chères : la route migratoire et les postes frontières abandonnés. Ce travail au long cours l’a conduit en Slovénie, Croatie, Bosnie et Serbie. 

Les vestiges du dispositif nucléaire du plateau d’Albion en France font aussi partie de ses thématiques favorites. 

Plus récemment, Guillaume Origoni s’est rendu en Ukraine pour Slate

Pour venir :

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